16 oct. 2012

Puisque c'est toi mon ciel,

J'ai mis les mots au placard, un an, ou presque, à fermer très fort les paupières, à refuser de voir, à prendre la fuite devant l'injustice, tourner le dos à la vérité parce que c'est trop, trop à encaisser. Comme si détourner le regard aller empêcher les jours de grignoter petit à petit ta petite ficelle de vie, comme si on pouvait faire un gigantesque pied de nez à la maladie, décliner gentiment, "non merci, repassez plus tard, ou allez voir ailleurs si on y est".
On fait semblant, et puis un jour tout nous explose en pleine figure, les remparts se craquellent et la forteresse qu'on s'est si bien construite contre la peur se retrouve submergée, on se noie. On se sait plus très bien à quoi se raccrocher, s'il existe une planche de salut ou si on est bel et bien en train de sombrer.

Le sommeil s'en est allé en claquant la porte, je cauchemarde éveillée, la panique s'empare de mon coeur qui s'affole comme un tout petit oiseau pris au piège, je ne sais plus respirer. A quoi ça tient la vie, est-ce que je ne peux pas te fabriquer une ficelle plus solide, arrimer ton existence à la mienne, les nouer si serrées que je ne pourrai jamais, jamais te perdre, sentir ton pouls battre la mesure de nos vies entrelacées, au creux de ton poignet ? Le moindre petit contact de toi me fait frémir; ta peau, c'est la mienne, c'est là d'où je viens, c'est fou comme ça me frappe aujourd'hui, je suis née à l'intérieur de toi, je suis de toi. J'ai le coeur au bord du vide à l'idée de te perdre, je me réveille chaque matin en pensant comme c'est triste une autre journée loin de toi, tu me manques tant, je voudrais engloutir la distance entre nos bras, te serrer contre moi si fort, ma joue contre la tienne, me perdre dans ton étreinte de maman. Quand vient le soir, je me console en me disant que je m'endors sous le même ciel que toi, j'essaye de calquer mon souffle sur le tien, à des centaines de kilomètres, je me niche à l'intérieur de tes rêves. Au plus noir de la nuit je suis la petite veilleuse à côté de ton oreiller, qui te chuchote n'aie pas peur, je suis là, je ne vais nulle part sans toi.

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13 déc. 2011

Come home, little bird,

Ça fait un bruit terrible, le ciel qui s'effondre.
Mes remparts se craquellent et s'émiettent doucement, la peur se glisse sous ma peau et j'ai le coeur qui pèse des tonnes de choses qu'on ne fera jamais ensemble, à quoi ça tient la vie ? Je voudrais enrouler une ficelle autour de ton poignet, nouée-serrée et t'emmener partout avec moi, t'inventer une cabane secrète où la maladie ne viendra pas te chercher, te cacher si bien dans un cocon d'amour que tu auras mille éternités devant toi.
Je voudrais collectionner des centaines de bouées colorées et recouvrir tous les océans pour qu'on ne puisse jamais, jamais se noyer, t'inventer un bateau-ailé qui voguerait sur les nuages et se perdrait pour toujours dans le ciel, faire de toi un tout petit oiseau qui s'envolerait loin de ce gigantesque gâchis, y croire tellement fort que tu deviendrais pour de bon la fée que tu as toujours été, au fond de toi, et on partirait au pays imaginaire, ensemble, c'est tout.
Ça devrait jamais tomber malade, une maman, pas de ces maux qui ne se guérissent pas en tout cas.

Je n'ai pas de mots pour dire à quel point je t'aime, c'est toi qui fais tourner le monde, qui illumine tout autour de toi de milliers de paillettes, c'est toi qui m'a appris la magie, toi qui m'a donné des ailes. La vie sans toi, je sais pas.

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6 déc. 2011

Transfusion de coeur,

Depuis ton absence, j'ai le coeur qui s'est brisé en tant de minuscules morceaux qu'il a fini par s'enrouler de brouillard pour se cacher et panser ses plaies, on n'en distingue plus les contours, il n'y a plus que vapeurs épaisses et grises, les étincelles se sont éteintes une à une et il n'a jamais fait aussi froid. C'est comme si je disparaissais peu à peu dans un manteau de brumes, je ne sens plus grand chose, à peine un battement de coeur égaré, un bruissement d'ailes imperceptible, comme un souvenir d'amour qui diffuse ses dernières gouttes et puis s'efface lentement sans faire de bruit.
Tu t'en vas sur la pointe des pieds, j'ai étouffé mes tempêtes et il n'y a plus cette pluie battante à l'intérieur de moi qui me transperce les os, je flotte dans le vide intersidéral que tu as laissé en partant, je suis recroquevillée sur un radeau à la dérive et c'est fou de ressentir si moins, chaque seconde me laisse béante et un peu plus abandonnée. J'ai défait tous les noeuds, je sens glisser les souvenirs comme les larmes sur mes joues, plus de bouteilles à la mer, plus de bateaux d'amour de ton coeur au mien, déroulée la ficelle de nous deux. J'ai la moitié du coeur en pointillés de toi, ton absence emplit le vide entre mes bras, qui d'autre m'aimera comme toi ?

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22 nov. 2011

Et le vide sous mes pieds,

" - Tu crois que ça fait pas de bruit un coeur qui se brise ? 
  - ... "

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18 nov. 2011

Heart skip a bit,

Nuit. Frissons en catimini sur la nuque, sommeil qui pèse sur les paupières.
Le monde me semble tour à tour trop grand et trop petit pour moi, je veux exister plus loin qu'à l'échelle d'une vie, briser les frontières ; et l'instant d'après j'ai envie de me recroqueviller, m'encoquiller sous la couette et cesser simplement d'être là, devenir invisible.
Et mon coeur de cesser de battre, et le monde cesser de tourner, et le silence s'épaissir, la vie qui s'immobilise sous un édredon de plumes.

Suspendre le cours du temps, trembler, vaciller immobile, et prendre une  i m m e n s e  respiration. Et puis, me jeter à nouveau à corps perdu dans le tourbillon des jours qui défilent, plonger dans cette course folle, laisser glisser sur ma peau les heures les secondes les minutes, rattraper le temps perdu.

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23 août 2011

Et c'est toujours le premier matin du monde,

Je vis dans une maison accrochée aux nuages, la vie y déroule sa petite musique, cachée dans le chant des oiseaux qui s'éveillent avant l'aube. Ma boîte aux lettres est posée sur un nid de coton et couve tendrement quelques oeufs aux confettis, parfois on entend s'échapper quelques éclats de rire à travers leurs coquilles. Je plie des bateaux en papier dans les pages de mes livres préférés et les fais voguer dans le ciel avant le petit déjeuner, ribambelle de mots fendant imperceptiblement l'immensité bleue, autant de petits cailloux blancs semés entre mon coeur et l'autre bout du monde, mes petites bouteilles à la mer, y'a-t-il quelqu'un pour les recueillir à la fin du voyage ? J'aime imaginer les doigts qui déplient ces fragiles embarcations, le frémissement du coeur en découvrant ces petites histoires de tout et de rien, la vie plus grande, la vie plus belle à l'abri de quelques pages de livres. A qui sont-ils, ces petits doigts de l'autre bout du monde ?
Tic toc, le temps poursuit sa course et je joue à la marelle en croquant quelques nuages de barbe à papa, je fabrique de jolis moulins dans du papier coloré, des dizaines des centaines de moulins, je souffle et ça fait voler mes cheveux autour de mon visage, je ris aux éclats je virevolte, c'est comme une petite pluie de douceur sous mes pas. Chez moi c'est un gigantesque nid de coton, parfait pour les siestes dans le silence feutré des après-midi de vacances, il suffit de se coudre deux ou trois belles images sous les cils, poser la tête sur un oreiller de plumes et on s'envole, on s'envole. A l'heure du goûter c'est toujours montagnes russes dans le ventre, mon moment préféré de la journée. Je croque dans mes colliers de bonbons et je chantonne en barbouillant les murs de peinture, je découpe des guirlandes à pendre à mes fenêtres et je me dessine des moustaches en chocolat, je danse en petite culotte et je mets des plumes dans mes cheveux. Chaque jour c'est une nouvelle histoire à inventer en couleurs sur mon plafond mes murs mon parquet, je me fabrique d'autres décors, je cultive mes petites folies pour éloigner l'ennui la solitude la mélancolie. A cloche-pieds dans le grand n'importe quoi.
Puis quand le plafond immense revêt son costume dragée rose orangée si doux, j'attends tranquillement que le monde tombe endormi. Quand la vie sous mes pieds s'arrête petit à petit et qu'enfin toutes les paupières sont closes, je m'allonge sur mon lit de nuages et j'apprivoise les étoiles.



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