23 août 2011

Et c'est toujours le premier matin du monde,

Je vis dans une maison accrochée aux nuages, la vie y déroule sa petite musique, cachée dans le chant des oiseaux qui s'éveillent avant l'aube. Ma boîte aux lettres est posée sur un nid de coton et couve tendrement quelques oeufs aux confettis, parfois on entend s'échapper quelques éclats de rire à travers leurs coquilles. Je plie des bateaux en papier dans les pages de mes livres préférés et les fais voguer dans le ciel avant le petit déjeuner, ribambelle de mots fendant imperceptiblement l'immensité bleue, autant de petits cailloux blancs semés entre mon coeur et l'autre bout du monde, mes petites bouteilles à la mer, y'a-t-il quelqu'un pour les recueillir à la fin du voyage ? J'aime imaginer les doigts qui déplient ces fragiles embarcations, le frémissement du coeur en découvrant ces petites histoires de tout et de rien, la vie plus grande, la vie plus belle à l'abri de quelques pages de livres. A qui sont-ils, ces petits doigts de l'autre bout du monde ?
Tic toc, le temps poursuit sa course et je joue à la marelle en croquant quelques nuages de barbe à papa, je fabrique de jolis moulins dans du papier coloré, des dizaines des centaines de moulins, je souffle et ça fait voler mes cheveux autour de mon visage, je ris aux éclats je virevolte, c'est comme une petite pluie de douceur sous mes pas. Chez moi c'est un gigantesque nid de coton, parfait pour les siestes dans le silence feutré des après-midi de vacances, il suffit de se coudre deux ou trois belles images sous les cils, poser la tête sur un oreiller de plumes et on s'envole, on s'envole. A l'heure du goûter c'est toujours montagnes russes dans le ventre, mon moment préféré de la journée. Je croque dans mes colliers de bonbons et je chantonne en barbouillant les murs de peinture, je découpe des guirlandes à pendre à mes fenêtres et je me dessine des moustaches en chocolat, je danse en petite culotte et je mets des plumes dans mes cheveux. Chaque jour c'est une nouvelle histoire à inventer en couleurs sur mon plafond mes murs mon parquet, je me fabrique d'autres décors, je cultive mes petites folies pour éloigner l'ennui la solitude la mélancolie. A cloche-pieds dans le grand n'importe quoi.
Puis quand le plafond immense revêt son costume dragée rose orangée si doux, j'attends tranquillement que le monde tombe endormi. Quand la vie sous mes pieds s'arrête petit à petit et qu'enfin toutes les paupières sont closes, je m'allonge sur mon lit de nuages et j'apprivoise les étoiles.



*

19 août 2011

Tu ressembles au naufrage que j'ai fait autrefois,

J'ouvre la fenêtre, odeur de soir d'été, je voudrais rester là à regarder le manteau de nuit s'enrouler doucement sur la ville. Laisser le temps couler le long des trottoirs, glisser sur moi sans un bruit.

Mes sourires ne sont là pour personne, j'entortille mes cheveux sur ma nuque et j'attends que la vie sonne à ma porte. Ce soir encore, je m'endormirai hantée par la douceur de ta peau pailletée de rousseur, hantée par ton souffle chaud qui pourtant me frissonne, hantée par le souvenir de tes mains qui dessinent les pleins et déliés de mon corps sous les draps. Ce soir c'est toujours le manque de toi qui me submerge, une vague qui me noie le ventre et me laisse au bord de moi, naufragée.
21h52, tu n'es pas là, je meurs d'envie d'une cigarette.

*

16 août 2011

Feel your skin on my skin,

Mille mélodies au piano, pour habiller mes petites solitudes, mes cachettes, mes petites fuites loin de tout. Lonely skin, c'est tour à tour mes bras autour de moi qui me serrent, fort,  et l'instant d'après je danse virevolte tourbillonne en fermant les yeux très fort, minuscule évasion de ces jours trop gris. 
Où sont passés les oiseaux ? Ceux qui chantaient le matin comme pour me réveiller en douceur, ceux qui donnaient la première couleur de ma journée ? Envolés, emportant avec eux un ou deux battements de cœur endormis. Je passe ma vie dans mon lit, couette par dessus-tête à me molletonner le cœur , j'en ai fait un nid de coton blanc blanc blanc, laissé les pois et les couleurs au placard, je voudrais coudre les nuages à même mes épaules, légèreté. Ma peau oublie peu à peu la douceur de la tienne, comme si ton absence l'avait prise en otage, je suis un fantôme qui enfouit le nez dans le ventre de nounours pour retrouver un peu de ton odeur, celle de ta lessive, celle de toi tout propre après la douche. J'imagine tes cheveux mouillés qui bouclent doucement et tes taches de rousseur qui ressortent toujours plus quand tu sors de la salle de bain, comme si tu les faisais briller à coups de savon, que tu frottais pour faire renaître les constellations sur tes épaules. J'aime quand on se glisse tous les deux sous les draps et que ta peau est encore humide, j'aime ton visage dans mon cou et mes doigts qui courent le long de ton dos; la saveur de tes lèvres dans ces petits moments d'éternité. Skinny love, comme au premier jour, mon cœur qui bat contre ton torse comme un tout petit oiseau. Emmène-moi juste au bord du monde, au bord du ciel, on avait dit qu'on irait voir les étoiles.

*

12 août 2011

Come and find me,

Quelques minuscules minutes avant demain, je voudrais retrouver mes sommeils d'enfant. Quand il n'y a pas ton souffle comme repère dans la nuit je suis incapable de rêver, j'ai besoin de la petite ficelle qui relie tes battements de cœur aux miens, je voudrais t'accrocher autour de mon poignet. Little love, joliment noué à ma peau de lait.

Je crois que j'enfile peu à peu mon costume de grande, et je suis surprise de voir qu'il ne me va pas si mal après tout. Est-ce que c'est ça, accepter de grandir ? Courir un peu moins derrière ses rêves de môme, laisser la vie semer ses surprises / pagailles / petites folies ; petits cailloux blancs sur le chemin des lendemains ? Je voudrais vivre vivre vivre tellement fort tellement haut tellement loin, vivre comme on raconte une histoire, je n'ai plus peur des tempêtes et de la pluie, je ris sous les averses et la seule chose qui m'effraie encore, c'est ma toute petite solitude. Je ne suis pas de celles qu'on capture si facilement, je suis doucement devenue une sorte de léger courant d'air, je suis là et l'instant d'après vous m'avez oubliée, parce que j'ai pris la fuite, sur la pointe des pieds. Parfois, je voudrais tant que quelqu'un me donne envie de rester. Finalement il n'y a que lui, évidence, qui ait vraiment réussi à m'attraper.

*

10 août 2011

Et je veux jouer à cache-cache,

Doucement sans faire de bruit comme on réveille la pluie je viens dérouler un nouvel horizon. Sur le fil du ciel, au bord des vagues je respire à nouveau. Comme un secret, une cachette toute neuve pour d'autres battements de cœur, pour d'autres éclats de vie; une petite fugue de grande gamine, liberté.
Chiche de m'attraper ?

*